Les erreurs de Lochwiller (France), Stauffen (Allemagne) ou Saint-Gall (Suisse) peuvent-elles se répéter ?

Les erreurs de Lochwiller (France), Stauffen (Allemagne) ou Saint-Gall (Suisse) peuvent-elles se répéter ?

  • 07 Mar Off

À Saint Gall (Suisse). En 2013, après les tests de production, du gaz naturel est remonté dans le puits depuis les roches sous-jacentes. Afin d’éviter un accident grave en surface, une quantité importante d’eau sous pression a été injectée dans le puits pour contenir le gaz. Cette surpression, couplée à une sensibilité naturelle du sous-sol, a induit un séisme d’une magnitude de 3,5 (mineur sur l’échelle de Richter) ressenti par la population. Malgré ce séisme, le gaz a pu être contenu, n’engendrant pas de dégâts en surface.

À Stauffen (Allemagne). Sur le site des forages, de l’eau d’une couche aquifère superficielle s’est écoulée vers des niveaux géologiques plus profonds composés notamment d’anhydrite (sulfate de calcium CaSO4). Celui-ci s’est ainsi transformé en gypse (sulfate de calcium hydraté CaS04 2H2O) qui a gonflé au contact de cette eau, (plus de 60%) provoquant ainsi des soulèvements en surface. C’est donc une méconnaissance du terrain et le non-respect des règles élémentaires du métier par des opérateurs non industriels qui sont en cause dans ces incidents.

À Lochwiller (France). Le forage a rencontré de l’eau artésienne issue d’une nappe captive vers 100 m de profondeur. Celle-ci s’est écoulée dans des terrains superficiels. La circulation de cette eau a ainsi rendu inefficace la cimentation réalisée. L’eau profonde aurait ensuite «mouillé» des terrains contenant de l’anhydrite entraînant les mêmes phénomènes qu’à Stauffen.

Les forages de Stauffen-im-Breisgau en Allemagne et de Lochwiller en Alsace, étaient des forages superficiels réalisés pour la pose de sondes géothermiques (- 140 m). Ces techniques de forage ne sont absolument pas comparables à celles des forages profonds. Les moyens mis en œuvre étant « très légers » pour réduire les coûts. Aucun tubage n’était cimenté directement au terrain et les épaisseurs de ciment qui étaient utilisées pour le gainage simple très faibles. De ce fait, les cimentations effectuées ne pouvaient arrêter efficacement des circulations d’eau qui pouvaient exister.

De plus, lors de ces forages superficiels pour des sondes géothermiques de faible profondeur, aucun suivi géologique n’a été effectué et aucun contrôle n’a été demandé. De nouveaux textes législatifs ont été sortis en France en 2015 dans le but d’éviter ces problèmes. Pour des forages profonds, qu’ils soient réalisés pour le captage d’eau potable, pour la recherche pétrolière ou pour la géothermie haute température, il existe des règles à suivre clairement définies par la législation française. Ainsi, la cimentation est adaptée à chaque formation géologique. Par ailleurs, l’architecture de puits à tubages télescopés enduits de ciment remontant sur toute la hauteur de colonne du cuvelage permet d’isoler tous les aquifères rencontrés et d’éviter des fuites de l’eau géothermale vers l’extérieur des tubages.